La paranoïa en entreprise, une question de survie !

gregtatparano

Une personne sur 6 déclare avoir eu des pensées paranoïaques d’après une étude de 2011, statistique corroborée par d’autres études sur la prévalence de la paranoïa. Les pensées paranoïaques s’échelonnent sur un spectre allant du ressenti d’une menace sociale au délire clinique. La paranoïa légère est une forme de survie sociale, la collaboration avec des étrangers n’étant pas innée. Notre amygdale s’alarme durant 5ms face à un étranger avant que le néocortex reprenne le dessus et nous invite à d’autres options que la fuite ou l’agression. Choisir de collaborer avec des individus ne faisant pas partie de notre cercle habituel, amène le risque de se faire exploiter. Il est ainsi moins coûteux d’être paranoïaque que d’être dans l’excès de confiance. La théorie de la gestion des erreurs le confirme, se méfier de quelqu’un par erreur a un coût inférieur que de faire confiance à quelqu’un par erreur.

Cette défiance au monde en général est aussi lié au fonctionnement par anticipation de notre cerveau. Ce dernier analyse à chaque instant l’évolution de notre environnement en recherchant les indices qui pourrait subitement le faire changer. Cette veille continue repose sur une défiance envers le monde en général, défiance qui a contribué à notre survie face à l’ensemble des risques naturels auxquels notre espèce a été confrontée.

Le constat du fonctionnement du cerveau établi, vous pouvez comprendre les bouffées paranoïaques de vos collaborateurs. Nous avons tous été surpris par des propos paranoïaques de collaborateurs habituellement émotionnellement stables. Pensées persistantes malgré vos explications et tentatives de raisonnement. Le monde de l’entreprise, par l’existence du lien de subordination entre le salarié et son supérieur, est propice au développement de la paranoïa. Les hiérarchies verticales, avec au sommet l’actionnariat, détaché de la réalité de l’exploitation, ne sont pas pour adoucir l’anxiété du salarié isolé.

Le développement de la paranoïa est également corrélé à l’imprévisibilité de la vie en général. La survenue de la crise sanitaire, les déclarations de guerre, le lot croissant d’informations contradictoires, ne contribuent pas à un terrain de confiance partagé. La suspicion ressentit envers la société fera rapidement écho dans l’entreprise. Un salarié, par exemple, persuadé d’un complot au niveau de l’Etat aura une tendance à l’appliquer au sein de l’entreprise. Le biais de confirmation fonctionnera à plein régime et toute information pouvant être réinterprétée pour alimenter la paranoïa installée.

Que faire face à la paranoïa de collaborateurs ?

Communiquer ! Il faut communiquer quand il n’y a pas de raison de le faire. En d’autres termes, il n’est pas nécessaire d’attendre la survenue d’une information importante pour communiquer. Il n’est pas question de rajouter de l‘information à la quantité astronomique à laquelle nous sommes déjà exposés mais d’anticiper les sujets vecteurs de défiance et de questionnements légitimes.

Face à un collaborateur tenant des propos conspirationnistes, il convient de lui poser des questions sur le raisonnement générant ces pensées. La dialectique comme méthode de discussion est un bon moyen pour tenter de faire changer de point de vue son interlocuteur. Il ne s’agit pas de convaincre mais simplement d’ouvrir la focale des possibles. Ne jamais chercher à faire changer d’avis mais tenter d’inspirer en étant ouvert à toute discussion sans jamais fuir les sujets sensibles.

En tant que manager vous avez intérêt à vous assurer de la bonne santé physique et mentale de vos salariés. Pratiquez vous-même une activité physique ou intellectuelle, faites preuve d’ouverture aux expériences, inspirez vos salariés par votre comportement exemplaire. Ne cherchez pas à tout prix à les convaincre mais soyez certain qu’à votre contact, ils bénéficieront d’un exemple inspirant.

Communiquer en interne, inviter à la réflexion et à l’activité extra-professionnelle peuvent être des moyens d’apaisement du ressenti de la paranoïa, du moins d’en faire baisser son intensité. Quoi que nous fassions, nous resterons sensibles à cette méfiance naturelle ancrée au plus profond de notre cerveau.

Source : Magazine Cerveau et Psycho n°158 – article de Kayt Sukel

Facebook
Twitter
LinkedIn
Grégory Aymé
Grégory Aymé
Organisme de formation et team building en Alsace. Gestion de risques, développement de leadership, cohésion d'équipe et challenge.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut