L’Esprit du corps – Etienne Klein

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Etienne Klein est scientifique et philosophe. Sa capacité de vulgarisation des sciences vous fait croire que vous avez compris ce qu’est la particule élémentaire Boson de Higgs. En plus d’une tête bien faite, le corps d’Etienne Klein l’emmène sur des trails extrêmes de montagne. Rien d’étonnant si nous le retrouvons à la collaboration d’un recueil de discussion « l’Esprit du corps ».

Etienne Klein se positionne comme un philosophe moniste pour qui le corps et l’esprit ne font qu’un. Son viatique est la formule de Gilles Deleuze « Ce que peut le corps, ça n’est pas ce n’est pas ce qu’il peut en tant que corps, c’est ce que tu peux toi ». L’esprit commande au corps qui essaie de suivre. Cette collaboration a ses hauts et ses bas. Lorsqu’il s’approche de la limite des capacités corporelles, le binôme devient moins efficace avec l’apparition de la douleur et le sentiment de lourdeur du corps.

Comment atteindre la limite ? En premier lieu en ne la dépassant pas, ce ne serait plus une limite. Pour se rapprocher de cette limite, l’abandon ne doit pas être une option. Votre pensée ne doit pas intégrer la possibilité de stopper l’activité physique en cours. Le WOD (programme du jour) du CrossFit est un bon exemple. Le volume de travail annoncé en début de séance me laissait toujours perplexe sur ma capacité à atteindre ces objectifs. La dynamique de groupe, l’animateur, les intervalles de temps font que je fournis un volume de travail jamais été atteint tout seul. L’abandon n’étant pas une option, je progresse bon an mal an vers ma limite.

Pierre Bourdieu énonce « le corps fonctionne comme un langage par lequel on est parlé ». Il exprime notre identité. Le corps est en puissance, c’est un processus constant de transformation. Notre esprit est le souffle qui met le corps en mouvement, l’invite à s’adapter à l’environnement qu’on lui soumet. Notre corps traduit ainsi notre force morale, notre vitalité. Pour Nietzsche « ce qui importe, c’est l’éternelle vivacité et non pas la vie éternelle », en d’autres termes, bien vivre plutôt que de ne jamais mourir. Le corps en mouvement, vivace, reflète ainsi l’esprit en mouvement lui aussi.

Gare à l’hubris, la démesure des Grecs anciens ! La devise olympique Citus/altius/fortis est un appel au dépassement ; sans limite ? Ne pas avoir de limite ou de borne nous donne l’impression de nous débarrasser de notre condition humaine, d’être des dieux. Gardons-nous bien de cela et restons à notre place. La maxime « connais-toi toi-même », galvaudé par les coachs de vie, n’est pas l’invitation à une introspection nombriliste mais bien une mise en garde à rester à notre place, dans note essence humaine.

La course à pied ou le circuit training peuvent être abordées comme des activités physiques et non des sports, en ce sens que la compétition n’est pas nécessaire. L’hubris de la compétition est la « démesure de la mesure », nous mesurons les fractions de secondes qui nous séparent des concurrents, des centaines de grammes de fonte de plus soulevées. L’innovation vient alors à notre aide avec les drogues ou prothèses. Le sportif augmenté, qui dépasse l’homme, le transhumain nous regardera avec dédain. Sera-t-il plus libre ? Je ne pense pas.

Il nous restera alors la poésie de l’activité physique, notre capacité à apprécier l’effort, de ressentir le bonheur transmis par les hormones. De voir éclore les idées, résoudre les problèmes durant une activité. C’est bien lorsqu’il est en mouvement que le corps libère la pensée.

En conclusion, lève-toi, prends ton brancard et marche ! (Marc 2,1-12)

Source : L’Esprit du corps d’Etienne Klein – Editeur Rober Laffont – Collection Homo Ludens – 80 pages

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Grégory Aymé
Grégory Aymé
Organisme de formation et team building en Alsace. Gestion de risques, développement de leadership, cohésion d'équipe et challenge.

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